Intro personnage : Seira, par Maranwë
- Ecartez-vous de là, bon sang ! Laissez-moi passer !
- Docteur, c’est un miracle !
- Je ne comprends pas… Elle était cliniquement morte il y a dix minutes !
- Ca va, ma petite ?
Petite
? L’interpellée réprima une grimace à ce mot, surtout provenant de la
bouche d’une infirmière à la voix bien claire. Elle avait quand même
vingt-quatre ans bien tassés…et se contenta de grogner en essayant de
se relever. Finalement, les types bizarres n’avaient pas réussi à
l’envoyer dans l’au-delà…
- Kanako ! Tu m’entends, ma chérie ?
L’homme
aux cheveux blancs qui tapait contre la vitre de la petite chambre aux
murs clairs, un sourire radieux transparaissant sous des torrents de
larmes, lui apparut flou, comme les quelques infirmiers et médecins
autour d’elle. Mais pourquoi l’appelait-il Kanako ?
- Mgnnnn…
- Non, non, ne te relève pas.
- Kanako !
- …Seira. Mon nom est Seira Kageru, murmura-t-elle d’une toute petite voix, étouffée par le masque à oxygène.
- Elle est encore sous le choc. Il faut la laisser se reposer.
- Mais je…
Seira
s’arrêta net. Sa voix si aigüe l’avait surprise, mais pas autant que la
petite taille de ses bras et de ses mains, posés le long de son corps
et reliés à de multiples perfusions. Son corps de jeune femme aux longs
cheveux noirs et au visage mutin était devenu celui d’une petite fille
couverte de contusions, une adorable gamine d’environ huit ou neuf ans
vêtue d’une simple robe de chambre et allongée sur un lit d’hôpital.
De
même, les gens autour d’elle, à commencer par l’homme âgé, lui étaient
totalement inconnus. Enfin, jusqu’au moment où un flot de souvenirs
étrangers se déversa dans l’esprit de la jeune femme. Une fillette,
probablement celle dont elle avait pris les traits, assise à l’arrière
d’une voiture avec ses parents. Un camion. Des lumières. Des cris. La
douleur qui se fait plus intense, et puis, plus rien, tout est noir. Et
Seira commença à comprendre que finalement, les types qui avaient
débarqué chez elle en demandant où se trouvait Ian, son frère aîné,
l’avaient bien envoyée au paradis.
- Pas bien marrant, le paradis, fit la fillette sous son masque.
L’informaticienne
prometteuse réincarnée en une pauvre gosse victime d’un accident de
voiture, et visiblement, seule rescapée du désastre. Quelle ironie. Le
bonhomme aux cheveux blancs était probablement le grand-père…
Kanako
Myojin, 8 ans, décédée dix minutes plus tôt des suites d’un accident de
voiture, venait de lui céder la place, son âme s’endormant à
l’intérieur d’elle-même. Et Seira Kageru, 24 ans, se mordit la lèvre en
se demandant comment elle allait faire pour revenir à son état premier
– et qui étaient ces mecs qui en avaient après son frère.